Voici quelques entrevues avec des parents et des retraités de Rouyn-Noranda.
Les écoles se préparent à l’arrivée des élèves du primaire :
Depuis le lundi 4 mai, les professeurs se préparent à l’arrivée des enfants à l’école. Première activité : trouver de la place dans leur classe respective, pour accueillir leurs élèves. Une enseignante me dit : « Moi, j’ai réussi à placer mes 14 jeunes de façon à ce qu’ils soient tous à deux mètres entre eux ou presque. »
La Commission scolaire de Rouyn-Noranda a mentionné être en mesure de fournir des masques au personnel enseignant. Par contre, l’enseignante s’est confectionné des masques lavables. Elle a aussi fait appel aux parents afin qu’ils fournissent des masques à leur enfant.
Au moment d’écrire ces lignes, elle avait été avisée qu’elle changerait d’école avec ses élèves. Plusieurs classes seront déménagées, toutes vers l’école secondaire D’Iberville, par manque de classes dans l’école habituelle. Cette enseignante a bien hâte de revoir ses élèves. Ceux-ci en auront sûrement beaucoup à raconter.
Chez des parents de jeunes du primaire :
Une dame me dit : « Je ne vais pas envoyer mes enfants à l’école. Ça m’a pris 3 à 4 jours de réflexion à savoir si je devais le faire et j’ai décidé de les garder à la maison. J’ai trop peur qu’ils attrapent ce virus. » Surtout qu’un de ses enfants a la santé fragile. « En plus, de me dire la dame, je veux aussi pouvoir visiter mes parents qui ont plus de 60 ans, ce que je ne pourrai pas faire si mes enfants vont à l’école. Que sait-on de ce virus ? Rien. Qui peut me rassurer ? Personne. » Ses enfants apprennent bien à la maison tout en étant en sécurité. Ils y resteront.
Une autre dame me dit :
« Moi, je n’en peux plus, trois enfants à la maison en tout temps, dont un enfant autiste, un couple en déconfiture, rien pour aider. Oui, je veux que les écoles ouvrent et, oui, mes enfants iront ».
Une dame dont l’enfant est en âge de fréquenter les services de garde me dit :
« Il n’est pas question de laisser ma fille en garderie. » Elle, qui était propriétaire d’un service de garde dans le passé, ne croit pas qu’un service de garde puisse se faire sans contact avec les jeunes enfants. Ceux-ci veulent jouer ensemble. Il sera difficile de les tenir à distance. Surtout que les petits ont l’habitude de se mettre les jouets et les doigts dans la bouche. Cette dame me dit : « Je dois également continuer à aider mes parents vieillissants », ce qu’elle ne pourrait pas faire si sa fille était en service de garde, de peur de contaminer sa famille.
Chez des personnes aînées en maison de retraite :
Un monsieur qui demeure à Bleu Horizon se dit heureux et chanceux d’être vivant et de ne pas avoir attrapé le virus. Il connaissait très bien monsieur Charbonneau, un ami de longue date, le premier à décéder de ce virus dans cette maison de retraite. Selon lui, les gens n’étaient pas très apeurés par l’annonce de ce virus, mais lui qui avait écouté la série Épidémie prenait la chose très au sérieux. Il n’admettait personne dans son appartement et ne touchait à rien qui ne lui appartenait pas.
Les gens se sentaient un peu en punition au lieu de penser que ces gestes étaient là pour les protéger. Plusieurs avaient de la difficulté à suivre les recommandations. Il prend la vie du bon côté, s’occupe sur Facebook, communique avec les amis. Il a bien hâte de sortir à nouveau et de voir les gens qu’il aime, mais il va continuer à suivre les consignes.
Les résidents ont actuellement la possibilité d’aller marcher autour de la bâtisse, de profiter des balançoires en respectant la distanciation, toujours accompagnés de gardiens. Il se dit optimiste et prend la vie du bon côté. Selon lui, ça ne donne rien de se stresser, ça finira bien par finir.
Monsieur mentionne que, pour lui, tout va bien. C’est certain qu’il a bien hâte de sortir, mais il se trouve chanceux de ne pas être atteint comme les 20 autres résidents du Bleu Horizon qui l’ont été. Il s’occupe, va faire un petit tour en bas sur le trottoir, prend un peu d’air dans les balançoires, téléphone à ses amis. Il se tient occupé. Il garde son positivisme.
J’ai par la suite parlé à une autre résidente du Bleu Horizon, dans les minutes qui ont suivi l’annonce du premier ministre qui permettait aux personnes aînées de sortir, prendre une marche, aller à la banque, à la pharmacie. Elle dit : « Nous étions tellement contents et contentes. Plusieurs sont allés faire un petit tour de véhicule, simplement pour profiter de cette soudaine liberté. Nous comprenons très bien le pourquoi du confinement mais, pouvoir enfin sortir, c’est extraordinaire. »
Aux Jardins du Patrimoine, c’était différent :
N’ayant aucun cas de virus dans la bâtisse, les résidents sortaient encore de leur appartement, allaient dîner deux par table à la salle à manger, allaient prendre une marche dans le magnifique sentier pédestre. Ils se trouvaient chanceux de ne pas être isolés comme au Bleu Horizon. Par contre, l’inquiétude persiste toujours. Un résident dit souhaiter que les gens soient responsables et n’aillent pas sortir et aller chez leurs enfants. Il souhaite que les gens se protègent pour ainsi protéger les autres.
Ces entrevues ont été réalisées les 8 et 9 mai 2020.
Crédit photo : Louise Villeneuve.
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