Il serait très intéressant de suivre l’évolution du tissage dans chaque partie du monde depuis les origines jusqu’à nos jours. Dans un article comme celui-ci, on ne peut couvrir toute l’étendue du sujet. Cependant, il existe des livres, entre autres ceux d’où j’ai tiré toutes mes informations*.
Parlons maintenant des fibres qu’on utilise de nos jours. Les fibres proviennent des trois grands règnes naturels : végétal, animal et minéral et on ajoute à cela le règne chimique créé par l’homme. Dans le règne végétal, on retrouve : le lin, le coton, le jute, la ramie, le chanvre, la fibre de coco, le bambou, le sisal, etc.
Pour les fibres du règne animal, celles que l’on connaît le plus : la laine des moutons, le mohair (de la chèvre du Tibet), les poils de chèvre, de lama, de l’alpaga, de la vigogne, de la vache, du renne, du chien, du chat ou du lapin angora. Ajoutons à cela la soie du ver bombyx (ver à soie), la soie sauvage de d’autres types de vers, de chenille ou encore de l’araignée à soie. Il existe même une moule en Italie qui produit une sorte de soie.
On retrouve ensuite les fibres minérales : l’amiante ainsi que les fils métalliques d’or, d’argent, de cuivre et de lurex. Enfin, on retrouve les fibres chimiques : rayonne, viscose, acétates, alginates, les fibres de verre, On inclut également dans cette catégorie les fibres synthétiques : nylon, perlon, les polyesters (dacron, térylène, tergal), les polyacryliques (orlon et dralon), les polyéthylènes, le propylène pour n’en nommer que quelques-uns.
Un tisserand doit connaître la matière qu’il emploie et respecter ses propriétés particulières. Il doit savoir quelle fibre convient le mieux pour l’objet qu’il veut créer et l’utilisation qu’il en fera. Le choix de la laine, de la soie, du lin ou du coton, d’un polyester ou de toute autre matière textile doit être pensé en fonction de la pièce à exécuter. Par exemple, on choisit un fil de coton plutôt qu’une laine pour un linge à vaisselle. On sélectionne aussi la grosseur des fils selon la pièce à exécuter, l’apparence et les propriétés qu’on veut lui donner : résistance, élasticité, aspect rugueux ou lisse, épais ou mince, léger ou lourd, transparent ou opaque, à utiliser en couture ou en ameublement, etc.
Pour parler de la grosseur des fibres, on dit le “titrage” des fils et on l’exprime par deux chiffres, par exemple : 2/8, 2/16. Plus un fil est fin, plus il a été étiré et vrillé pour demeurer solide. Ainsi, un fil peut-être étiré jusqu’à 8 fois, 16 fois, 20 fois et plus de sa longueur initiale. Si on met deux fils étirés et vrillés ensemble, on dira que c’est un fil 2/8 ou 2/16 ou 2/20. Si on met quatre brins ensemble, on dira 4/8, 4/16, etc. Je ne vous parlerai pas des étapes du cardage, du filage ni de la teinture, cela serait trop long pour cet article.
Il reste maintenant à parler du tissage proprement dit. Il est important de connaître l’outil avec lequel on va œuvrer : le métier à tisser. Il en existe plusieurs formats, allant du petit métier de table aux énormes métiers des manufactures. Pour nos besoins artisanaux, on utilise ceux qui peuvent confectionner des pièces de 24 à 100 pouces de large. Quant à la longueur, on calcule la ou les dimensions que l’on désire avoir une fois la pièce terminée et on ourdit en conséquence.
Je félicite toutes les femmes qui s’attèlent à ce bel artisanat, car elles doivent apprendre tout un vocabulaire spécialisé : métier, lisse, cadre de lisse, marche, marchure, ros, peu, battant, ensouple, cran, passette ou crochet, ourdissoir, baguette d’encroix, navette, embuvage, chaîne, trame, duite, etc. C’est un lexique intéressant. Une fois qu’on a appris ces mots, il faut savoir combiner : montage, armure, rentrage, toile, chevron, gaufré, reps, sergé, etc.
La majorité de nos fermières qui veulent tisser, qui tissent ou qui aiment le tissage ont vu leur mère, leur grand-mère, une tante ou une voisine, parfois aussi un homme (père, oncle, voisin) travailler et sortir de belles pièces utiles ou agréables à voir : des linges à vaisselle, des nappes, des napperons, des sous-verre, des tapis, des catalognes, des couvertures, des toiles, des pièces d’ameublement ou des vêtements, etc.
Merci à toutes ces vaillantes reines du foyer qui viennent fabriquer de belles pièces qu’elles vous offriront peut-être lors de notre exposition locale en mai ou lors de l’exposition artisan-Art en novembre prochain.
Bien qu’elles ne soient pas habillées d’or fin ou de tissus brochés d’argent comme la reine de Saba, Cléopâtre d’Égypte ou le grand roi Salomon, elles ont toutes un cœur en or. Il s’agit juste de les écouter vous raconter avec enthousiasme ce qu’elles ont fabriqué de leurs mains; vous verrez leurs yeux pétiller et vous les encouragerez ainsi à continuer et à transmettre ce bel héritage. Je termine avec une petite question bien personnelle : est-ce que la Vierge Marie a tissé la tunique de Jésus ? J’aurai ma réponse au ciel...
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* Le tissage, par Jacques Anquetil (Encyclopédie
contemporaine des métiers d'arts)
* Mon livre de tissage, par Michelle Naud
* Ourdir ou tisser, par Robert Leclerc
Article paru dans le journal Ensemble pour bâtir, avril 2011.
Voir l'article précédent : Le tissage est l'art des reines
(partie 1)
Crédit photo : Le Cercle de Fermières d'Évain.
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