Le 25 avril 2016 marquait le 76e anniversaire du droit de vote des femmes du Québec. Tout au long du 20e siècle, des femmes remarquables ont lutté pour que les Québécoises obtiennent des droits égaux.
Le monument Hommage aux femmes en politique de l’Assemblée nationale du Québec montre Marie Gérin-Lajoie, Idola Saint-Jean et Thérèse Casgrain tenant en main un projet de loi accordant aux Québécoises le droit de vote et d’éligibilité. Durant quatorze ans, année après année, ces femmes se sont présentées au Parlement pour revendiquer le droit de vote, et ce, avec des milliers d’autres femmes, jusqu’à ce qu’elles l’obtiennent, il y a 76 ans.
Le lundi 11 avril 2016, a eu lieu un premier évènement En marche pour la parité à l’Assemblée nationale du Québec. Cette rencontre s’est tenue grâce à l’initiative du Groupe Femmes, Politique et Démocratie (GFPD).
En 1940, les femmes ont remporté le droit de vote et celui d’éligibilité qui leur donnent accès à l’espace politique dans lequel s’élaborent les lois et les règles de vie commune. Nous avions cru que la société québécoise, dite égalitaire, évoluerait d’elle-même vers une égalité représentative des sexes et qu’une place équitable serait faite aux femmes dans les lieux de pouvoir administratif, politique et économique.
Il a toutefois fallu attendre 21 ans avant qu’une première femme députée, Claire Kirkland-Casgrain soit élue; et près de 40 ans plus tard le nombre dépasse à peine les 20 %. Force est de constater que la parité ne se fait pas « naturellement ».
Certes, il y a eu constitution d’un Comité des priorités paritaire, sous le gouvernement de Jacques Parizeau entre 1994 et 1996 et plus récemment la nomination d’un conseil des ministres paritaire entre 2007 et 2008 par l’ex-premier ministre Jean Charest. D’autres gestes ont été plus durables, car ils ont été inscrits dans des lois ou des règlements : l’introduction de l’égalité femmes-hommes dans les conseils d’administration des sociétés d’états et la parité des candidatures chez Québec Solidaire, seul parti au Québec à imposer la parité.
Il faut faire plus. Le progrès ne vient pas tout seul.
En 2016, les Québécoises sont encore loin d’exercer le pouvoir politique, voire économique, à égalité avec les hommes. À titre d’exemple, elles forment aujourd’hui 28,8 % des personnes élues à l’Assemblée nationale, 39,3 % des ministres, 32 % des conseils municipaux, 17,3 % des mairesses, 21,8 % des préfètes des municipalités régionales de comté (MRC) et 19,8 % des conseils d’administration des grandes entreprises.
L’atteinte de l’égalité femmes-hommes n’est ni linéaire ni progressive, comme en témoignent les reculs constatés au cours des dernières années quant à la proportion de femmes députées et ministres. Dans les fonctions municipales, la croissance est anémique, une situation encore plus critique étant donné les nouveaux pouvoirs qui sont attribués aux MRC du Québec à la suite des réorganisations régionales.
Cette situation n’est plus acceptable et notre démocratie ne peut s’en satisfaire. La parité femmes-hommes dans les instances du pouvoir est désormais le but à atteindre. Cette tâche ne peut pas incomber uniquement aux femmes; elle relève d’une responsabilité institutionnelle. Des obligations à la parité doivent être inscrites dans des règles claires, sans quoi rien ne garantit qu’un jour les femmes soient partie prenante des décisions à égalité avec les hommes.
Il faut que l’Assemblée nationale et le gouvernement prennent le leadership pour corriger ce déficit démocratique. En 2016, il est temps que la parité devienne au Québec un principe de démocratie.
Source : Groupes Femmes, Politique et démocratie.
Article paru dans le journal Ensemble pour bâtir, juin
2016.
Crédit photo : Collection Assemblée Nationale
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