Notre journal communautaire est localisé, vous le savez peut-être, dans le sous-sol du Centre communautaire d’Évain. L’un de nos voisins est la Corporation Archéo-08. Mais qui est ce voisin devant qui l’on passe régulièrement ? J’ai contacté David Laroche, son directeur général et archéologue, pour en savoir un peu plus. Voici les grandes lignes de nos échanges.
La Corporation Archéo-08 a été fondée en 1985. Cet organisme sans but lucratif a été mis sur pied par des citoyens de l’Abitibi-Témiscamingue pour y développer la recherche archéologique. Son principal mandat comprend donc différents volets : planification, inventaire, fouilles, analyses, publications, diffusion et mise en valeur. La corporation offre donc son expertise aux différents corps publics, fait de la prévention et de la conservation des ressources archéologiques et transmet des informations en cas de découvertes sur des terres privées.
C’est à la suite d’une entente avec la ville de Rouyn-Noranda et le ministère de la Culture et des Communications qu’elle s’est installée dans ses locaux à Évain il y a quelques années. Outre le bureau, une réserve archéologique y a été aménagée. Oh que je souhaitais y faire un tour! À mon grand plaisir, on m’y a autorisée. Devant moi, plein de tiroirs bien numérotés, des centaines et des milliers d’objets identifiés, triés et classés. Impressionnant!
Mais d’où vient le financement de la Corporation Archéo-08 ? Comme bien d’autres organismes, les fonds publics dont elle bénéficiait jusqu’à récemment ont été abolis, forçant l’organisme à s’abreuver à d’autres sources, notamment du milieu privé. La Loi sur le patrimoine oblige maintenant les gestionnaires de projets d’infrastructure à utiliser les services des archéologues pour la réalisation d’études de potentiel, ce qui peut déboucher sur des inventaires pour certains endroits et, ultimement, sur des fouilles. On peut penser par exemple à des travaux menés pour Hydro-Québec, pour le ministère des Transports ou pour des entreprises minières.
Afin d’illustrer cela, on m’a expliqué que la construction de la ligne électrique alimentant la mine Canadian Malartic a nécessité une étude du tracé ainsi que la réalisation d’un inventaire pour une vingtaine d’endroits spécifiques. Parmi ceux-ci, deux sites ont nécessité des fouilles dont les fruits ont été récoltés par la Corporation Archéo-08. Aussi, certaines zones périphériques ont fait l’objet d’une recommandation de circulation restreinte.
Lorsque la corporation a amorcé ses travaux dans la région, quelque 130 sites archéologiques étaient connus. Nous en sommes désormais à plus de 500. Un ménage s’imposait donc et la période estivale qui vient de se terminer a été mise à profit pour y arriver. Il faut dire qu’en plus des trouvailles qui sont propres à l’organisme, ce dernier est aussi dépositaire de collections appartenant au ministère de la Culture et des Communications et à des propriétaires privés.
L’organisme a aussi consacré des efforts l’été dernier pour organiser l’exposition Nt8atikk8e qui s’est tenue à Val-d’Or. Quelque 3 200 personnes ont eu la chance d’en apprendre davantage sur la vie préhistorique.
Dans une première salle, le Musée de Sherbrooke y
expliquait qu’il y a environ 12 000 ans, les chasseurs paléoindiens de
la Nouvelle-Angleterre se sont aventurés vers le nord pour y chasser le
caribou, se rendant jusque dans la région de Mégantic, au Québec. Ils
étaient parmi les premiers humains à avoir séjourné dans l’est du
Canada.
Dans une seconde salle scénarisée par la Corporation Archéo-08, on reconstituait le mode de vie de l’Archaïque des chasseurs qui ont laissé des traces de leur passage en région. Nt8atikk8e a su mettre l’accent sur l’importance du caribou dans la vie des nomades préhistoriques qui ont foulé au passage l’Abitibi-Témiscamingue. Le directeur général d’Archéo-08 souhaite que cette exposition puisse être reproduite ailleurs dans la région.
Il m’a aussi rappelé que le plus vieux site d’occupation humaine découvert en Abitibi-Témiscamingue, qui remonte à environ 9 500 ans, se situe en Abitibi-Ouest, plus précisément aux abords du lac Robertson à Taschereau. Il a enfin précisé que des fouilles seront éventuellement réalisées au futur Parc national Opémican, localisé entre Laniel et Témiscaming. Espérons qu’elles révèleront de belles surprises sur le plan archéologique.
Article publié dans le journal Ensemble pour bâtir, novembre 2016.
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