“Le plus grand voyage commence par un pas” proverbe chinois
Ainsi en est-il également pour ceux et celles qui œuvrent à changer notre monde pour le rendre meilleur. Parce que ces initiatives méritent d’être connues et supportées, l’équipe du journal vous présentera à chaque mois un projet ou une personne dont les actions contribuent au mieux-être de notre communauté ou encore un organisme à but non lucratif qui offre gratuitement des services aux gens d’ici.
Pour débuter le bal, j’ai choisi une personne qui ne craint pas de
nager à contrecourant, soit l’artiste Véronique Doucet qui m’a chaleureusement
accueillie dans son atelier situé derrière chez elle dans le rang 8.
Native d’Arthabaska, ville de la région Centre-du-Québec sise au pied
des Appalaches, c’est le travail en forêt qui l’a amenée en Abitibi
et depuis, elle n’est pas repartie. Elle y a planté des arbres et son
cœur, puisque c’est au travail qu’elle a rencontré son compagnon de
vie Éric Chamberland. Au tournant du millénaire, elle s’est installée
à Évain et c’est maintenant à partir d’ici qu’elle mène son combat pour
l’environnement.
Pour ceux qui ne la connaissent pas, ses œuvres, que ce soit des
peintures, des sculptures ou des performances, peuvent être caractérisée
par deux traits : elles ont un côté esthétique séducteur et visent toutes
à provoquer une prise de conscience. La séduction et l’esthétisme pour
attirer les gens, le regard et le choc du message parce qu’il s’agit
d’une étape de base nécessaire pour mener à une transformation. “Des
fois, ça dérange ce que je fais, mais c’est comme ça qu’on se remet
en question, puis c’est comme ça qu’on évolue en tant qu’être humain.”
Elle est à l’origine de l’exposition “Mine de rien”, qui
avait causé quelques remous en 2005. C’est également grâce à elle et
au Conseil Régional en Environnement (CREAT) qui l’a appuyé dans ses
démarches, que le parc à résidus miniers orphelin Aldermac a été restauré.
Ironiquement, c’est la forêt qui l’a menée à demander des comptes
à l’industrie minière : elle cherchait une souche pour un projet et
un de ses amis lui a indiqué le chemin pour se rendre à Aldermac en
lui disant qu’elle allait trouver tout plein de souches là-bas. Pour
ceux qui n’y sont jamais allés avant la restauration, croyez-moi, ce
n’était pas nécessaire d’avoir la fibre environnementale pour être touché
par l’étendue de la dévastation.
Elle a également déjà réalisé plusieurs projets artistiques dans
les écoles dans le cadre du programme “La culture à l’école”.
Finalement, elle est co-fondatrice, avec Isabelle Jacob et Jean-Claude
Beauchemin, du Groupe Éco-citoyen de Rouyn-Noranda, un organisme
qui vise à conscientiser les gens et offrir des formations et des solutions
pratiques.
De toujours nager à contrecourant, ça peut finir par être épuisant. C’est ce qui l’a conduit en décembre 2009 et janvier 2010 à aller se ressourcer en Thaïlande et en Inde. Ce voyage lui a de toute évidence fait le plus grand bien puisqu’elle est revenue avec plein de projets. Avec son projet “Requiem Humaniterre”, elle a décrochée une bourse de 15 000 $ du fond de la culture et des arts en avril. Beau défi que ce projet : créer 12 œuvres d’art sous forme de mandalas*, à partir de résidus industriels, en collaboration avec 12 entreprises de différents secteurs. Gauvin Récupération d’Évain a d’ailleurs généreusement participé au projet. La difficulté d’un tel projet provient justement de sa complexité : “Il faut que je fasse un questionnement sur chaque œuvre. Je crée à partir de matières... Quelles matières que j’ai? Qu’est-ce que je fais pour ne pas que ça ait l’air d’un bac à recyclage? C’est plus difficile que je le pensais au départ.”
De toutes les formes d’art qu’elle a utilisées, l’art performatif
reste son préféré. “Ça interpelle plus les gens. J’ai l’espoir que
ça va semer une petite graine.” En effet, assister à une performance
force les gens à se positionner par rapport à ce qu’ils voient : tu
aimes ou tu n’aimes pas, tu es en accord ou non, mais tu prends position.
Le message transmis a donc plus d’impact. Sa dernière performance remonte
au début d’octobre de cette année, dans le cadre de la cinquième biennale
d’art performatif de Rouyn-Noranda.
Récemment, elle a participé à titre de paneliste pour l’atelier “Changer
le monde” lors du Rassemblement des organismes communautaires et
des entreprises d’économie sociale qui s’est tenu à la fin octobre 2010
au lac Flavrian. Selon elle, le Rassemblement lui a permis de réaliser
à quel point elle n’était pas toute seule à vouloir transformer le monde.
Bref, ça redonne du courage pour la suite.
Par ailleurs, vous avez peut-être pu la voir vendredi le 5 novembre
à l’émission Huis clos à Télé-Québec, émission qui portait
sur l’exploitation des gaz de schiste. Fait intéressant avant d’entrer
en studio, elle ne savait pas de quel sujet ils devraient débattre.
Après avoir accepté l’invitation, elle a dû répondre à un formulaire
d’une trentaine de questions sur divers domaines. C’est sur la base
de ses réponses que les gens de Télé-Québec ont choisi pour quelle polémique
elle serait juré.
Ce qu’elle retire de toute cette expérience? Tout d’abord, elle est
contente d’avoir pu voir comment fonctionne toute la “machine” de la
télévision. Elle a également été étonnée du respect qui régnait entre
les participants, malgré des points de vues parfois fondamentalement
opposés. De plus, de travailler avec Claire Lamarche, qui est un “véritable
monument” du monde télévisuel québécois, a été pour elle une expérience
inoubliable.
Et pour clore cette année chargée? Rien de moins que le projet de rouler à vélo pendant un mois, de décembre à janvier, sur la côte ouest américaine avec sa famille. Le but? Récolter des fonds pour le groupe éco-citoyen. À suivre sur Facebook...
La courageuse famille qui va rouler pendant un mois sur la côte ouest
américaine pour le GÉCO : Fiona,
Mahëva, Dahlia, Véronique, Éric et Isaak. (Photo fournie par Véronique Doucet)
Terminer Requiem Humaniterre? Pour le reste, ça dépend des projets qu’on va lui proposer ou de ce qui va l’inspirer. Si vous avez des idées, n’hésitez pas à lui en parler!
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*Mandala : Dans le bouddhisme Mahâyâna et le tantrisme, diagramme géométrique
dont les couleurs symboliques, les enceintes concentriques, etc. figurent
l’univers et servent de support à la méditation. Définition tirée du
Petit Larousse 2000.
Article paru dans le journal Ensemble pour bâtir, décembre
2010.
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