« Des hérons... », « De drôles d’oiseaux… », « C’est quoi ça… ? ». Ce sont divers commentaires que j’ai reçus à la suite de la présence de deux individus déambulant dans notre municipalité d'Évain.
Moi-même très intriguée, j’ai cherché à voir ces « drôles d’individus hauts sur pattes » qui jouaient aux touristes. Ces drôles d’oiseaux, pas farouches du tout, se sont avérés être des juvéniles « GRUES DU CANADA ». Elles prenaient plaisir à « faire le pied de grue » sur les pelouses, se nourrissant de beaux gros vers de terre. Et, croyez-moi, il y en avait des gros… Mentionnons que la Grue du Canada possède un long bec bien pointu, qui lui permet de piquer facilement le sol ou la boue à la recherche de tout ce qu’elle peut consommer que ce soit un insecte, une souris, une grenouille, une couleuvre, des pousses végétales, des graines et bien sûr des vers de terre.
Tôt le matin ou en soirée, ces deux jeunes touristes piquaient la curiosité des citoyens, qui les observaient directement de leur salon ou de leur galerie. Ce n’est quand même pas commun de voir des grues se promener sur nos pelouses. Habituellement, les grues aiment bien se trouver dans les herbes hautes, où elles peuvent se dissimuler avec leurs petits ou dans les champs pour s’alimenter.
Ces jeunes grues, âgées d’environ 6 à 8 semaines, étaient de couleur gris chamois et rouille, sans la calotte rouge des grues matures. Pour une raison inconnue, elles n’étaient pas accompagnées par leurs parents et n’avaient probablement pas appris à se méfier des humains, mais leur instinct les rendait tout de même prudentes. Elles savaient comment affronter un chien selon une citoyenne rencontrée sur la rue. Elles ont donc passé plusieurs semaines en juillet et août à arpenter les rues d’Évain et ont même été vues sur la voie ferrée.
Selon la littérature, un couple de grues peut abandonner un de ses petits lorsqu’il y a manque de nourriture ou qu’ils sont trop souvent dérangés, mais généralement ils assurent une très bonne protection de leur progéniture composée de 1 ou 2 jeunes, plus rarement 3. La vraie raison pour laquelle nous avons observé deux jeunes sans parents dans les rues d’Évain demeurera un mystère. On peut supposer que la famille a été dérangée et séparée (marcheurs ou VTT) ou que les parents ont connu une issue fatale. Ces petits égarés auraient donc abouti au village en poursuivant leur route parmi les champs et les milieux humides à proximité de la municipalité. Mais bon, ce n’est qu’une supposition.
La dernière mention connue de nos jeunes touristes serait vers le 23 août dans le secteur des puits, par Nicole St-Amant. Je n’ai pas eu connaissance d’autres mentions depuis. Étant capables de voler depuis quelques semaines, les deux immatures ont possiblement rejoint des groupes de leur espèce, pour entreprendre leur migration automnale vers le sud, du moins on le souhaite.
Merci aux gens d’Évain d’avoir été respectueux face à nos jeunes touristes.
Lors des migrations printanières et automnales, nous pouvons observer en grand nombre cet oiseau majestueux dans plusieurs lieux du Témiscamingue et de l’Abitibi. En région, en plus de la population migratrice, une population nicheuse beaucoup plus restreinte a commencé à s’installer au fil des ans. En été, des observations de couples de grues avec ou sans jeunes et d’individus non encore aptes à nicher sont donc de plus en plus fréquentes dans les champs, dans de petits marais et étangs et même dans des coupes forestières.
Des études sont en cours, dirigé par le Service canadien de la faune, pour en apprendre plus sur les trajets migratoires et distinguer à quelle population appartiennent les grues qui migrent ou qui nichent dans la région. Selon les sous-espèces, l’envergure des ailes de cet oiseau de grande taille peut atteindre deux mètres.
Article paru dans le journal Ensemble pour bâtir, octobre 2021.
Crédit photo : Maryse Lessard, Société du loisir ornithologique de l’Abitibi et du Témiscamingue.
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