On reste perplexe et avec raison, lorsqu'on le voit pour la première fois, ce grand oiseau gris, haut sur pattes, observé au loin dans les champs du Témiscamingue et de l’Abitibi. Depuis plusieurs années, autant au printemps qu’à l’automne, se déploie par milliers et plus particulièrement sur notre région, ces oiseaux bruyants mais majestueux en même temps. On se questionne sur l’identification : des Grands Hérons ? Peut-être?
Mais en fait, il s’agit de grues. Pas facile de les approcher cependant car aussitôt, elles s’éloignent dans le fond des labours ou s’envolent tout simplement le cou tendu et non en repli comme le Grand Héron. Leur cri perçant et guttural s’entend de loin. Le plumage de l’adulte est d’un gris uniforme (ce qui peut le confondre au loin avec le Grand Héron) et ce gris est teinté de rouille. Le jeune immature, par contre lui, est d’un brun rouille. Il porte une calotte rouge, pas très visible, mais bien apparente lorsque observée de près ou muni de jumelles ou d’un télescope.
Cet oiseau nommé Grue du Canada s’arrête, lors de sa migration, dans nos champs cultivés pour se nourrir de grains et de racines laissés après la récolte. En septembre, il retourne vers le sud et en avril, il va nicher plus au Nord. Cependant, nous savons que certains individus nichent depuis peu en région.
Souvent au printemps, les grues et les bernaches s’attardent dans les mêmes champs inondés. Cette saison permet de bonnes observations et c’est durant cette période que l’on peut contempler leurs danses nuptiales. La grue effectue des gestuelles complexes: elle sautille, bondit les ailes grandes ouvertes, fait la révérence tout en lançant des appels. Elle peut bondir jusqu’à deux mètres dans les airs.
C’est une espèce monogame. Le couple reste uni pour la vie tout comme la bernache. Elle niche dans des tourbières, dans les quenouilles et les étangs se nourrissant à ce moment d'insectes, d'amphibiens et de petits mammifères. Elle pond habituellement deux œufs et fait son nid au sol composé de quelques brindilles et de tiges. Les jeunes sont d’habiles coureurs, ce qui est fort utile contre les prédateurs. Le Grand Héron, par contre, fait son nid dans la cime des arbres. La Grue du Canada fait partie de la famille des gruiformes (foulques, marouettes, râles) et non de la famille des grands échassiers comme le Grand Héron. Curieux? non ?
Ces grands oiseaux sont intéressants à observer. Prenez le temps lors de vos promenades, de vous arrêter et de les regarder. Peut-être pourriez-vous faire une découverte exceptionnelle, comme celle survenue à Barraute lorsqu’une Grue cendrée fut aperçue en compagnie d’une Grue du Canada, visiblement amoureuse l’une de l’autre. Cette espèce eurasienne déclencha tout un branle-bas de combat et la nouvelle attira des observateurs de tout le Québec et même des États-Unis.
Notre région offre une bonne terre d’accueil pour ces immigrants ailés. Prenons le temps d’aller les observer dans les champs de Roulier et de Nédélec le long de la route 101; à Barraute dans les terres des rangs 1 et 2 ouest et 3 et 4 ouest; à Val-Senneville au nord de Val-d’Or et près du lac Abitibi dans les terres agricoles de Saint-Laurent de Gallichan et de Palmarolle ainsi que celles de La Reine. Encore dernièrement, lors de la fin semaine de l’action de Grâce, on pouvait les apercevoir par centaines dans les champs de Roulier.
C’est un spectacle à voir et à revoir.
Mettez l'observation des Grues du Canada à votre agenda pour mai
prochain !
réf: Atlas des oiseaux nicheurs du Québec
revue Québec oiseaux nov. 2005
Article paru dans le journal Ensemble pour
bâtir, novembre 2007.
N.D.L.R. À l'automne 2017, un reportage de l'émission La semaine verte de Radio-Canada raconte l'évolution des grues en Abitibi : Grues dévastatrices...
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