Critique littéraire: Cheval Indien

Cheval Indien

Par Raymonde Poitras

Cheval Indien de Richard Wagamese, paru chez XYZ en 2017, 270 pages, roman. A reçu le prix de la Native American Press Association. (Disponible à votre bibliothèque d’Évain)


Ce livre témoigne des horreurs vécues par plusieurs membres des communautés autochtones du Canada. Il se déroule dans les années 1960-1970 sous forme d’un récit. Saul Cheval Indien est un Ojibwé d’origine Anishnabe du Nord de l’Ontario. Il vit dans les bois avec sa grand-mère et ses parents. Celle-ci lui enseigne les coutumes de son peuple, alors que ses parents sont déjà aux prises avec des problèmes d’alcool. Puis, il fait un séjour dans un pensionnat, lorsque sa grand-mère décède et qu’il demeure seul, ses parents l’ayant abandonné.

Commence une descente aux enfers et Saul Cheval Indien décrit les mauvais traitements dont les enfants des Premières Nations sont victimes au pensionnat. Le hockey est l'unique intermède où il oublie tous ses malheurs et avec la pratique de ce sport, il retrouve un sens à sa vie. Il envisage même de faire une carrière professionnelle avec les Maple Leafs de Toronto. Mais ses anciens démons se réveillent quand il voit le racisme dont il est la proie au hockey et dans la vie. Il abandonne alors le sport et tombe dans l’alcoolisme. Pour atteindre le chemin de la guérison, il doit affronter son passé dans un centre de désintoxication.

J’ai trouvé ce roman tout à fait troublant, car il nous dévoile un pan ignoré de notre histoire du Canada. Il se déroule dans des lieux que l’on connaît (ex. Timmins) et que l’on peut repérer sur une carte géographique. J’ai été horrifiée par le récit des maltraitances envers les enfants, allant même jusqu’à la mort. Les membres du clergé agissaient avec un manque total de charité chrétienne, de compassion et ils me sont apparus aussi ignobles que les nazis avec le peuple juif, lors de la guerre 39-45. Les descriptions sont tout à fait réalistes et nous éprouvons intensément ce que Saul vit.

Je ne recommande pas aux cœurs sensibles de lire ce livre. Mais, pour celles et ceux qui veulent découvrir une partie de la vérité sur les Premières Nations et la perte de leur culture, vous devriez le lire. C’est un témoignage crédible, touchant et qui nous bouleverse du début à la fin. Richard Wagamese a le don de nous faire vivre les émotions éprouvées par Saul Cheval Indien. À lire avec empathie !

Après la lecture, je me suis remémoré mon adolescence dans les années 70, en tant que « blanche » vivant dans un village près d’une réserve, celle de « Timiskaming First Nation » et à aucun moment de mon existence je n’ai pu soupçonner de telles horreurs. Plusieurs de mes amies et amis étaient « indiens » à cette époque. Pour notre bénéfice, celui de nos enfants et pour l’acceptation des autres, je pense que l’on devrait réécrire l’histoire du Canada !

Richard Waganese est un des premiers grands écrivains issus des Premières Nations. Il a remporté le prix de la Native American Press Association à deux reprises et le prix National Aboriginal Communications Society pour ses chroniques.

 

Article paru dans le journal Ensemble pour bâtir, avril 2021.

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