« Ah ! que la neige a neigé ! »

Neige Image de Freepik

Par Hélène Bilodeau

Un titre qui rappelle le poème du québécois Émile Nelligan. Cette phrase comporte ce qui, normalement, serait une expression fautive, mais ce genre d’infraction est toléré en poésie, c’est la licence poétique qui permet de jouer avec les mots.

Je ne suis pas poète, mais je constate que la neige ne prend pas seulement beaucoup de place dans ma cour, mais aussi dans notre langage.

La neige tombe, ce sera une chute ou une averse de neige, un brouillard ou du grésil.

Il pourra neiger à plein ciel et les gros flocons sont parfois qualifiés de « peaux de lièvre » ou même de « peaux de mouton ».

Si le vent s’en mêle, la bourrasque fera naître la poudrerie et formera des lames de neige sur la route.

Ce pourrait être une neige folle, ou encore une neige lourde, une neige mouillante ou collante, de celles qui accompagnent les « tempêtes des poteaux ».

La neige a aussi sa propre musique. Lorsqu’on marche ou glisse sur la neige, le son varie selon la température. S’il fait froid, elle crisse sous les pas (crisser est un synonyme de grincer, ce n’est pas un juron comme ceux qui sortent lorsqu’on « reste pris » dans la neige).

Une petite pelle

Dans la chanson enfantine, on avait « une petite pelle, une grosse pelle ou toutes sortes de bebelles ».

Pour lutter contre la neige, de nouveaux mots sont créés et d’autres changent de sens. Les petites pelles deviennent ergonomiques et les grosses pelles des grattoirs, des pousse-neige ou des pelles-traîneaux.

Les grosses bebelles, les véhicules de déneigement des routes sont appelés le chasse-neige, la gratte, la souffleuse, et même la pépine et autres chargeuses-pelleteuses.

Quant à la charrue, elle n’a qu’une lointaine parenté avec la charrue qui sert à labourer la terre (celle qu’on ne doit pas mettre avant les bœufs…)

L’importance du pelletage dans nos hivers s’est même transportée en politique. Les idéalistes sont accusés de pelleter des nuages. On dit aussi des élus qu’ils vont « pelleter dans la cour du voisin » lorsqu’ils transfèrent le déficit à un autre niveau de gouvernement, ou qu’ils vont « pelleter par en avant » lorsqu’ils laissent les problèmes pour leurs successeurs.

(Pour nos cousins Français, « rouler une pelle » n’a rien à voir avec la neige… mais désigne plutôt un « french kiss ».)

Les plaisirs de la neige

Des mots concernent aussi les plaisirs de la neige. La beauté de ses cristaux qui brillent au soleil ou celle des champs enneigés sculptés de vagues par le vent.

Les plaisirs simples de se rouler dans la neige ou d’y dessiner des « anges ».

Jouer dans la neige, creuser des igloos et construire des forts, grimper sur les bancs de neige et se croire le roi de la montagne. Ou faire des bonhommes ou des boules de neige collante.

Aller glisser avec toutes sortes de traîneaux, sur des « tripes » ou des toboggans.

Marcher en raquettes ou glisser sur la neige et profiter des magnifiques sentiers de notre Club de ski de fond Évain.

Et pour la neige, il y a toujours un mot de la fin : l’arrivée du printemps.

 

Article paru dans le journal Ensemble pour bâtir, mars 2025.

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