Les grandes galeries d’autrefois invitaient les gens à s’arrêter un moment pour une petite jasette, le temps de se raconter la journée ou ressasser de vieux souvenirs. On s’y rendait en empruntant les trottoirs de bois unissant les maisons les unes aux autres, du moins celles bâties au cœur du village.
À l’instar des vaisseaux sanguins d’un corps humain, ces ramifications s’activaient. Le cœur du village ne s’en portait que mieux, palpitant au rythme incessant du va-et-vient de ses habitants. Ces petits villages devenus des banlieues ont éliminé les vieux trottoirs de bois usés et défraîchis. Les grandes galeries sont devenues des entrées privées. Les nouveaux patios se sont camouflés à l’arrière de la maison.
Au fil du temps, les marcheurs ont presque disparu, empruntant leur voiture au moindre déplacement, faute d’espace pour piétons, faute de sécurité hors de l’habitacle d’un véhicule.
Les temps changent, les jeunes conducteurs enfourchent leur vélo et les autres, jeunes et moins jeunes, ressortent leurs souliers de marche. Sauf que les aménagements aussi ont changé, les espaces pour piétons sont absents.
Il nous manque des trottoirs, ces petits sillons de béton dont la vocation est de s’étirer vers chaque maison, vers chaque entrée invitant tous et chacun à y mettre le pied, cimentant les amitiés, créateurs de vie de quartier. D’autant plus que tout le monde le sait : une bonne marche revigore, autant le physique que le moral. Un choix santé pour toutes les saisons et tous les âges. Il nous manque des trottoirs. Un village sans trottoir est un dortoir.
Il nous faut des trottoirs !
Article paru dans le journal Ensemble pour bâtir, novembre 2019.
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